One-film stand
Puisque tomber amoureux, dans la vraie vie, c’est s’engager dans un sens unique ; puisque bien souvent, par-dessus le marché, on se raye les ailes dans une rue trop étroite ; mais puisqu’au fond on cherche tous à ressentir ça, je fais l’autruche en me faisant des films. Mais au sens propre, hein, pas au sens figuré. Les illusions, je les ai balancées par la vitre ouverte, et depuis un bail. Non : je me fais des films, des vrais, des bons, au cinéma ou en DVD. Je m’offre une part d’émotions pures, comme ça, celles qui à la fois me transportent, me font frémir, me nouent le ventre, gonflent ma poitrine, me font sourire … Celles qui rendent amoureuse. Du héros, de l’héroïne, d’un rire, d’une fossette, d’une musique, d’une scène, d’une réplique, d’un geste.
Au moins, il n’y a ni tristesse, ni déception de ne rien recevoir en retour. C’est tout bénéfice, une bonne petite tranche d’égoïsme.
Would you mind very much if I love you ?
I wouldn’t let it get in your way or anything.
And I wouldn’t expect you to feel anything back.
Breezy, 1973