Ca(pricieuse)cahuète

J’ai failli pas arriver, parce j’ai failli pas partir. Du moins pas aujourd’hui.

8h : cacahuète chargée, allez montez les neveux - Euh.

Non bref, j’ai sorti la cacahuète du garage ce matin, tranquillou, pour finir de la charger, tranquillou. Je retire la clé pour pouvoir ouvrir le coffre, tranquillou, puis pour refermer la porte du garage, toujours tranquillou. Je cale bien Jean-Paul pour pas que sa maison se renverse, j’enlève mon manteau, j’me mets à l’aise, je m’attache, tout ça bien tranquillou, et quand je retourne la clé de contact : tic-tic-tic.
Et c’est tout.

Là j’suis moins tranquillou.

Alors j’ai déboursé 70 euros de garagiste il y a trois semaines pour qu’elle me claque dans les pattes le jour de mon départ en vacances de Noël ?! Argggh !!

En plus là où elle est, elle est susceptible de gêner quatre personnes qui pourraient avoir besoin de sortir leur voiture. Je suis comme une conne. Alors j’enlève le frein à main et je fais une manœuvre pour la remettre juste devant le garage, de façon à ce qu’elle gêne le moins possible … tout ça à la force de mes maigres bras. Et bah elle a beau pas être grosse, elle fait son poids la p’tite cacahuète !!
 

Et là j’me dis : putain, faut que j’appelle le garagiste…

Alors que j’en suis encore à me battre avec la cacahuète, l’insultant, m’obstinant à essayer de la redémarrer, et elle non moins têtue qui s’obstine à ne me fournir que son tic-tic-tic en guise de réponse, un couple apparaît dans le parking souterrain. Ils se dirigent vers l’ascenseur, et vont donc passer devant moi.

Je tente : « Excusez-moi , bonjour, par le plus grand des hasards, vous ne vous y connaîtriez pas en mécanique ? Ma voiture refuse de démarrer. »

Et là, bonheur : leur gendre est justement garagiste. Bon, du coup ils le réveillent en lui passant un coup de fil. Ca me gêne un peu, mais il arrive 10 minutes plus tard, se penche au-dessus du capot ouvert et diagnostique « Batterie » dans son joli accent portugais, puis il part chercher deux câbles pendant que son beau-père ramène sa voiture, ils connectent les deux batteries, et en 5 minutes la cacahuète  est ranimée.

C’te frayeur, quand même …

Ils n’ont rien voulu en guise de remerciement, mais j’ai quand même obtenu le numéro de téléphone de leur fille qui parle très bien français, et que j’appellerai à l’occasion pour les inviter à prendre un verre. C’est la moindre des choses après ce service qu’ils m’ont rendu !!

A part cet incident, le voyage s’est déroulé tranquillement. Je me suis faite draguer par des bourguignons qui me doublaient, j’ai reçu une petite dizaine d’appels de phares de camions, et il y a même des gens dans une voiture qui m’ont fait coucou. Je sais pas si c’est parce que ma cacahuète est une petite voiture jaune rigolotte, ou si c’est à cause de l’immatriculation 59 qui a fait ressurgir la vague chtie, mais ça m’a fait sourire.

Quoi qu’il en soit, 7h35 pour faire Lyon-Lille, c’est pas trop mal. Je ne sais pas si Jean-Paul a apprécié ces quelques heures sur le plancher côté passager. Moi en tout cas j’ai pris mon temps, j’ai bien chanté, sous le regard étonné des passagers de certaines voitures qui me doublaient, et qui devaient croire que je parlais toute seule. Je remercie donc Tryo, Fersen, les Wriggles, Matmatah, Guano Apes, la BO de Kill Bill 1 et les autres CD qui m’ont accompagnée et m’ont permis de passer le temps en m’époumonant gaiment et sans complexe.

 

(Ah et pour nous souhaiter de bonnes vacances, les jeunes casseurs lyonnais nous ont offert un incendie de poubelles devant le lycée, vendredi matin. Ils sont adorables…)

(Mais ce n’étaient pas nos élèves, attention !!)